Le calvaire d’un voyage de vacances (1ère partie)

Article : Le calvaire d’un voyage de vacances (1ère partie)
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29 avril 2016

Le calvaire d’un voyage de vacances (1ère partie)

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©Crédit photo Ousmane Diallo

Après une année scolaire chargée, le mois de juillet que j’attendais avec impatience arriva. C’est la période des grandes vacances. Cette année-là, et pour la première fois, j’ai la chance de passer mes vacances en dehors de la ville de Conakry où je vis. J’ai l’insigne honneur d’aller au village pour rendre visite à quelqu’un que je n’ai connu jusqu’ici qu’à travers des photos en noir et blanc jaunies par le temps: mon grand-père maternel! L’excitation est au maximum.

Nous sommes vendredi, jour de mon départ pour Lélouma, ma préfecture d’origine. J’arrive très tôt à la gare-routière et me présente au guichet. En quelques minutes, le chef de ligne (syndicat) me tend mon ticket de voyage sur lequel est mentionné: « Place N°: 8/9 ». Je comprends que je dois voyager sur la banquette-arrière du véhicule.

Embarquement:
L’intérieur de la Peugeot 505 trahit son aspect extérieur maquillé par une peinture neuve. Sièges grossièrement rapiécés, rétroviseurs incomplets,

tableau de bord mourant… Seuls la radio et les haut-parleurs semblaient survivre du sinistre habitacle. Sur la vitre arrière, une inscription en langue Poular fait froid dans le dos: «  KO ALLAH RENI LAN » (littéralement : C’est Dieu qui veille sur moi), une peur m’envahit et je me dis que le destin me mettra à l’épreuve durant ce voyage.

Me voilà calé au siège arrière pris en sandwich entre un bonhomme, la vingtaine, et une jeune fille resplendissante au regard rehaussé par un joli maquillage. Ce beau tableau me rend subitement optimiste. Je me mets à rêver d’un voyage merveilleux…
Le temps passe et nous avons du mal à sortir des bouchons de Conakry. Ça s’annonce mal. L’embouteillage rend nerveux notre chauffeur sur lequel j’ai un mauvais sentiment depuis le début. A un moment, il donne un coup de frein sec. Non retenu par la ceinture de sécurité (la voiture n’en a aucune), ma tête cogne violemment le passager de devant. J’ai le front enflé.

Comme si cela ne suffisait pas, le chauffeur allume une cigarette alors que l’air chargé de chaleur est déjà irrespirable dans la voiture, pire qu’un four! Je proteste. Il n’en fait que ça tête et va jusqu’à me dire qu’il est un Rasta et qu’il a la droit de fumer dans sa voiture. Le front en flamme, la musique assourdissante, la chaleur et la fumée de cigarette me rendent dingue mais je suis impuissant au même titre que les autres voyageurs silencieux. Je finis par me résigner et m’en remettre à Dieu. On continue.

Nous arrivons au premier check-point. Tout le monde doit descendre pour présenter sa pièce d’identité. Tout se passe bien pour tout le monde, sauf pour le chauffeur. Les dossiers du véhicule sont incomplets. Je souris intérieurement. Invité à s’expliquer sur le défaut des pièces, le chauffeur se montre impoli et arrogant. Il va jusqu’à manquer du respect au commandant, chef du poste. La réaction de ce dernier ne s’est pas fait attendre. Quatre subordonnés de l’officier se saisissent manu militari du Rasta-chauffeur et le plaquent sur le capot brulant de sa Peugeot. Il reçoit 25 coups de cravache en public sur les fesses puis est relâché tout haletant.

Couvert de honte, le visage fermé, le chauffard reprend le volant bon an mal an.  Il essaie de rattraper le temps perdu en accélérant. Seulement, sa vieille voiture ne supporte pas le régime auquel il voulait la soumettre. Le moteur rend l’âme sur une colline. Toutes ses tentatives de redémarrage échouent. Il finit par vider la batterie. Tous les passagers unissent leur force pour pousser la voiture afin de la redémarrer. Mais face à la faim, tout le monde fini par se lasser sans y parvenir. Le chauffeur se lance à la recherche d’un mécanicien et c’est là que nous passons la nuit….

A suivre !
Ousmane Diallo

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Commentaires

Mandaw
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C'était confortable car tu sais que tu méritais de voyager dans les gros camions marque BERLIET ! De toutes les façons ma Guinée émerge bientôt des avions taxis même pour LELOUMA ! Bon voyage !

Ousmane DIALLO
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Mandaw je laisse tes Berliets - Beliers pour chercher du confort mais prendre une charette aurait été plus adequat

Mamadou
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j'ai vécu un voyage similaire. C'est vraiment très attirant ton récit vivement sa suite