Guinée: si cette jeunesse se réveillait ?

Article : Guinée: si cette jeunesse se réveillait ?
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29 août 2016

Guinée: si cette jeunesse se réveillait ?

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Guinée: si cette jeunesse se réveillait ?

Depuis belle lurette, au moment où j’étais encore au secondaire, je me rappelle toujours de ces délégations d’autorités administratives ou parentales qui nous rendaient visite. Chaque délégation passait pour nous faire le même discours. Du genre « mes enfants, étudiez bien, vous êtes l’avenir de ce pays ; vous serez à nos places pour assurer la relève ». Des phrases et des mots agréablement bien agencés qui nous revigoraient. Le temps passe, et que d’espoirs déçus ! Les délices de l’avenir qu’on nous promettait n’ont été qu’une illusion pour nous. Je me dis aujourd’hui que la couche juvénile est sans doute la frange la plus oubliée de la société guinéenne. En plus d’être marginalisée, manipulée, elle est encore instrumentalisée et utilisée à des fins personnelles.

Après tant d’années passées sur les bancs, la plupart de ces jeunes qui étaient à l’école sont maintenant titulaires d’un diplôme mais la porte du premier emploi tarde encore à s’ouvrir. Une génération révolue reste encore accrochée à des postes qu’elle ne voudra céder que devant la mort. Une génération dépassée sur toutes les lignes continuent à mettre des bâtons dans les roues de la couche juvénile.

Les problèmes auxquels cette jeunesse est confrontée sur le marché de l’emploi sont innombrables. Dans le monde de l’emploi, c’est toujours le mot de passe habituel qui revient : « manque d’expérience ». Sur les offres d’emplois, rares sont les recruteurs qui exigent une expérience inférieure que deux ans. Où peuvent-ils acquérir cette expérience pour répondre à ce profil ? Quand on sait que même avoir un stage relève d’un parcours de combattant. C’est juste une jeunesse sacrifiée et laissée à elle-même.

Le désespoir, le désarroi et la misère ont atteint un niveau préoccupant, poussant certains diplômés à se lancer dans des activités diverses pour joindre les deux bouts. Du petit commerçant au coiffeur du quartier, du cireur au marchand ambulant, du photographe au nouveau métier de conducteurs de motos taxis, cette jeunesse désœuvrée est à la quête du bien-être. Un monde de matériel et d’intérêts s’est dessiné où seule ta fortune te donne de la considération, te rend le respect, te procure de la satisfaction ou te forge une catégorie sociale.

A ce jour, le seul rempart demeure le chemin de l’aventure vers l’inconnu, peu importe ce qui adviendra. C’est ainsi que depuis le chaos libyen, des milliers de jeunes ont quitté le pays pour affronter le destin dans les eaux libyennes. Un chemin incertain et périlleux qui, malheureusement, a endeuillé de nombreuses familles. L’absence d’une politique d’emploi de jeunes efficace a favorisé l’essor d’une véritable mafia autour de cette immigration clandestine vers l’Europe. Comme de coutume la nature a horreur du vide, les branches et ramifications se sont installées jusque dans les coins les plus reculés du pays.

Bien que des conditions adéquates soient encore inexistantes pour l’épanouissement de la couche juvénile,les quelques jeunes qui, sortent du lot inspirent confiance et redonnent de l’espoir. Ces derniers temps, avec le développement des technologies de l’information et de la communication, on a noté l’émergence d’associations de jeunes engagés et d’activistes qui sur une voie normale, pourront peut-être inverser la tendance. Le chemin à parcourir est certes long et plein d’embûches mais il n’est pas impossible que cette jeunesse intelligente brille de mille feux et retrouve la place qui est la sienne.
Ousmane Diallo

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