La quête d’eau en banlieue de Conakry

Article : La quête d’eau en banlieue de Conakry
Crédit:
9 mai 2016

La quête d’eau en banlieue de Conakry

image
Pompe derrière une cour à Conakry ©Ousmane Diallo

La Guinée a beau d’être le château d’eau de l’Afrique de l’ouest, le pays peine encore à ravitailler le ménages en eau courante. La question d’eau préoccupe aussi bien à l’intérieur du pays comme dans la capitale Conakry. La couronne de château d’eau attribuée à la Guinée n’est que de la farce. L’endurance quotidienne des citoyens est à l’extrême.

Depuis plusieurs années, les mois d’avril et de mai sont connus comme les plus chauds de l’année à Conakry. Sans doute c’est aussi le temps le plus difficile pour la population. La quête d’eau n’est point aisée. Durant cette période, de nombreux puits tarissent. Les rares puits qui résistent ne ramènent que de la boue s’il en reste quelques choses. Ni décantation, ni filtration ne règle le problème.

Les bidons jaunes à l’honneur:
Face à cette situation, certains citoyens de la banlieue de Conakry font la queue durant des heures pour s’approvisionner en eau. Le bidon de 20 litres se négocie à 1000 GNF (environ 1€). Certains jeunes ancrés dans le chômage profitent même pour se créer un business afin de joindre les deux bouts. Certains arrivent à se tirer d’affaire.
Du coup, les quelques forages privés dans les quartiers sont pris d’assaut en longueur de journée. Le grand hic c’est aussi la disponibilité de l’électricité pour le fonctionnement de ces points d’eau.

image
Borne fontaine à sec dans un quartier de Conakry ©Ousmane Diallo

Ma première fois de faire le fil:
Avec mes deux bidons en main, j’arrive à la pompe derrière la cour de mon voisin. Bouba un jeune de mon quartier est mon poursuivant direct. On se connaissait déjà par les visages. Nous engageons une conversation. Je demande pourquoi ce fil interminable alors qu’il n’y a pas encore d’eau? Il me dit:

“Mon frère je suis arrivée ici à 17h mais 4 personnes sont devant moi, je suis en 5è position. On attend que le courant arrive dans le quartier pour pouvoir puiser. Parfois je passe ici 3 heures voire plus si j’arrive en retard. Nous puisons ici à tour de rôle peu importe le nombre de récipients en possession. Parfois il arrive que certains en viennent au mains. Prière de respecter le fil. C’est un véritable problème”.

Le société en charge de la distribution d’eau ( S.E.G= Société des Eaux de Guinée) ne parvient plus à assurer le minimum d’avant ( 3 fois dans la semaine). Elle évoque des problèmes liés à l’investissement dans le secteur

Les difficultés que la Guinée traverse en général et Conakry en particulier sont dus au manque d’investissements dans le secteur depuis près d’une quinzaine d’années. Les installations qui sont là sont dépassées ou vieilles”.

Elle propose une solution palliative au problème. Des citernes d’eaux sillonnent en alternance les quartiers de Conakry pour desservir certains ménages. Mais peu de citoyens approuve la démarche car, cette eau serait impropre à la consommation.

Pour l’heure, l’orgueil est mis à l’écart et le mal est pris en patience. Le dénouement est attendu avec l’arrivée prochaine des grandes pluies sur Conakry. En attendant les uns vivent de la charité des autres. Nous plaidons la charité pour toujours.

Ousmane Diallo

Partagez

Commentaires